Une étude récente menée par des chercheurs de l'Université de Zurich et de l’Université d’Edimbourg a révélé que seule une thérapie sur vingt testée sur des animaux est finalement approuvée pour une utilisation chez l'homme. L'étude a également révélé que le développement de nouveaux médicaments prend beaucoup de temps. Il peut s'écouler jusqu'à 10 ans avant qu'un nouveau médicament ne soit approuvé et mis sur le marché. Cette étude met une fois de plus en évidence les limites de l'expérimentation animale dans la recherche médicale, et la nécessité d'accélérer la transition vers une science non-animale.
L'autorisation de mise sur le marché de nouveaux médicaments comprend une évaluation rigoureuse de leur sécurité et de leur efficacité au moyen d’essais précliniques, lesquels sont principalement effectués sur des animaux, et d'essais cliniques sur des humains. Cependant, l'extrapolation des résultats des tests animaux à la situation humaine reste un défi majeur. Plus de 90% des traitements prometteurs testés sur des animaux échouent par la suite lors des essais cliniques chez l'homme, un problème qui persiste depuis des décennies (1, 2, 3, 4). Cette situation est particulièrement alarmante dans des domaines comme la maladie d'Alzheimer et le cancer. Malgré les efforts et les financements considérables déployés au cours des 20 dernières années pour trouver des thérapies efficaces, le risque qu'un médicament prometteur échoue lors des essais cliniques est de 97% et 99%, respectivement (5, 6, 7).
La plupart des médicaments prometteurs sont abandonnés en cours de développement ou même après leur mise sur le marché, principalement en raison d'une inefficacité ou d'effets secondaires inacceptables qui n'ont pas été détectés au cours des essais précliniques (8). Cette situation entraîne non seulement des souffrances injustifiées pour les animaux et un gaspillage considérable de ressources, mais elle prolonge également les souffrances des patients et leurs familles dans l'attente d'un accès à des traitements efficaces.
L’étude récente menée par des chercheurs de l'Université de Zurich et de l’Université d’Edimbourg (9) confirme une fois de plus le taux élevé d’échec des traitements prometteurs testés sur des animaux. Dans cette étude, les chercheurs ont analysé 122 études décrivant 54 maladies humaines distinctes et 367 interventions thérapeutiques. Ils ont constaté que seules 5% des interventions thérapeutiques ont finalement été approuvées pour une utilisation chez l'homme après avoir passé tous les tests nécessaires. L'étude met également en évidence la lenteur du processus de développement d’un médicament, avec une moyenne de cinq ans pour réaliser un premier essai clinique sur l'homme et de dix ans pour obtenir une autorisation de mise sur le marché. Ces longs délais engendrent des coûts considérables, jusqu’à 2 milliard d’euros par médicament (10), et retardent l'accès des patients à des traitements qui pourraient potentiellement leur sauver la vie.
Pour expliquer ce taux élevé d’échec, les auteurs de l'étude soulignent un certain nombre de failles dans la conception et la conduite des expériences animales. Par exemple, la plupart des études analysées n’étaient pas randomisées ni menées en aveugle, ce qui signifie que les chercheurs savaient à l’avance quel animal recevait le traitement et quel animal recevait le placebo, ce qui a pu influencer les résultats. D'autres raisons ont également été invoquées, notamment l’utilisation d’un nombre insuffisant d'animaux pour fournir des preuves fiables de l'efficacité du traitement, l'utilisation d’animaux jeunes et en bonne santé, alors que les patients humains peuvent souffrir de multiples pathologies et être plus âgés, ainsi que des erreurs dans les analyses statistiques. Les auteurs ont donc conclu qu'une meilleure conception expérimentale est cruciale pour augmenter le taux de réussite du développement d'un traitement efficace pour l'homme.
Cependant, même si les biais et les expériences mal conçues sont indéniablement des facteurs qui pourraient expliquer le faible taux de réussite, les auteurs de l'étude ont omis de prendre en compte d'autres facteurs majeurs. Bien que nous partagions une grande partie de notre ADN avec d'autres mammifères, il existe d'importantes différences dans la manière dont nos gènes fonctionnent réellement (11). Malgré les tentatives de modification génétique des animaux pour reproduire la physiologie humaine, les disparités physiologiques et génétiques intrinsèques entre les espèces animales constituent un obstacle insurmontable à l'utilisation d'animaux pour prédire les résultats chez l'homme. En outre, les modèles animaux ne développent généralement pas les maladies de la même manière que les humains (12). Cette incapacité à reproduire fidèlement les maladies humaines chez d'autres animaux constitue une limitation majeure de l'expérimentation animale. À cela s'ajoutent d'autres facteurs tels que le stress causé par les conditions de laboratoire et les procédures expérimentales, ce qui peut affecter les résultats de l’étude de manière très imprévisible, ou encore l'utilisation dans les expériences animales de doses toxiques ou non tolérées par l'homme (13).
Les auteurs de l'étude suggèrent d'améliorer la conception des expériences animales, mais cette solution n'est pas suffisante pour réduire de façon considérable le taux d'échec élevé. Depuis des décennies, nous constatons des différences significatives entre les résultats des expérimentations animales et ceux des essais cliniques. Cela met en évidence les limites des modèles animaux pour prédire avec précision la réponse humaine aux médicaments. En outre, l'expérimentation animale soulève des questions éthiques en raison des souffrances et des dommages qu'ils endurent pour des bénéfices potentiels, souvent limités, pour l'homme. Il ne fait donc aucun doute que la meilleure façon d'avancer est de mettre fin à l'expérimentation animale et de passer à une science non-animale basée sur la biologie humaine. L'utilisation de méthodes non-animales innovantes représente une voie bien plus prometteuse et moins coûteuse pour accélérer la découverte de traitements efficaces (14, 15, 16, 17).