05.12.24
muisjes

Bruxelles Environnement a récemment publié les statistiques 2023 sur l’utilisation d’animaux dans les procédures expérimentales en Région de Bruxelles-Capitale. Le rapport révèle une baisse négligeable du nombre d’animaux utilisés pour des expériences et du nombre d’animaux ayant subi des procédures sévères. En outre, le nombre d’animaux élevés puis tués sans jamais avoir été utilisés dans des procédures expérimentales est presque deux fois supérieur à celui des animaux utilisés dans des expériences. Par ailleurs, les inspections ont révélé plus d’une centaine d’infractions qui peuvent significativement compromettre le bien-être animal.

En 2023, 50 922 animaux ont été utilisés dans des procédures expérimentales en Région de Bruxelles-Capitale. Ceci représente une très légère baisse de 1,2 % par rapport à 2022. Aucun de ces animaux n’a été réutilisé dans d’autres procédures. À ce chiffre s'ajoutent 6 493 animaux utilisés pour créer de nouvelles lignées génétiquement modifiées ou maintenir une lignée génétiquement modifiée, soit une diminution de 35 % par rapport à 2022.

Cependant, une statistique alarmante ressort du rapport : 94 394 animaux élevés pour l’expérimentation scientifique ont été tués sans jamais avoir été réellement utilisés dans des procédures expérimentales. Bien que ce chiffre ait baissé de 30 % par rapport à 2022, il souligne le “gaspillage” massif d’animaux d’expérimentation. Ces animaux n'ont pas été utilisés dans des procédures scientifiques pour diverses raisons, telles que des caractéristiques génétiques ou des sexes non conformes aux besoins de la recherche, une utilisation limitée uniquement pour fournir des organes et des tissus, ou encore le fait qu'ils sont devenus inutiles en tant qu'animaux reproducteurs. 

Les souris restent l’espèce la plus utilisée, suivies par les cobayes, les poissons zèbres et les rats. Aucun primate non humain, chien, chat, lapin, reptile ou céphalopode n'a été utilisé en 2023. Les projets scientifiques pour lesquels des animaux ont été utilisés en 2023 en Région de Bruxelles-Capitale ont principalement été menés dans le domaine de la recherche fondamentale (70 %), dans le domaine de l'utilisation réglementaire et production de routine (18 %) et dans le domaine de la recherche translationnelle et appliquée (16 %). Seul un faible pourcentage d'animaux a été utilisé pour l'enseignement supérieur et la formation en vue de l’acquisition, de l’entretien ou de l’amélioration des compétences professionnelles.

Les procédures expérimentales sont classées selon la gravité de la procédure pratiquée. La gravité est basée sur la douleur, la souffrance, l'angoisse ou les dommages durables qu'un animal risque de subir au cours de la procédure. En 2023, 46 % des animaux utilisés ont été soumis à des procédures de gravité légère, 27 % à une gravité modérée et 19 % à une gravité sévère. Cette dernière catégorie correspond aux procédures causant des douleurs, souffrances ou angoisses intenses ou modérées mais de longue durée, ainsi que les procédures susceptibles d’avoir une incidence grave sur le bien-être ou l’état général des animaux. Particulièrement préoccupant, près d’un cobaye sur deux a été impliqué dans une procédure à gravité sévère en 2023. D’autre part, une proportion significative d'animaux (12 %) a été exposée à des méthodes invasives pour leur identification ou leur caractérisation génétique.  

Les statistiques montrent également que 43 % des animaux utilisés étaient génétiquement modifiés, dont 9 % présentaient un phénotype dommageable impactant négativement leur santé et leur bien-être. Parmi les espèces animales génétiquement modifiées, on trouve principalement des souris, mais aussi des poissons zèbres, des rats et des porcs.

Le nombre d’établissements agréés a légèrement diminué, passant à 90 en 2023 (trois de moins qu’en 2022). Un total de 128 inspections ont été effectuées dans l'ensemble de ces établissements, dont 23 sans préavis. Le rapport statistique indique que 123 infractions ont été relevées sur la base des inspections effectuées. La plupart des infractions détectées concernaient l'évaluation et l'autorisation des projets et le respect des règles d'hébergement et de soins. Sur base des infractions constatées, 14 lettres d'avertissement et 9 mises en demeure ont été émises.

D’autre part, les commissions d’éthique ont accordé 77 dérogations aux exigences législatives en 2023, notamment pour l’utilisation de cages métaboliques (c’est-à-dire de petites cages au sol grillagé et à l'espace de mouvement limité, utilisées pour la collecte des fèces et de l'urine) et pour la restriction de l’alimentation ou de l’eau, des dérogations qui compromettent le bien-être animal. 

GAIA déplore que le nombre d'animaux utilisés à des fins scientifiques n'ait pas diminué de manière significative au fil des ans. Le « gaspillage » important d'animaux élevés pour des procédures expérimentales, puis tués sans jamais réellement être utilisés dans les procédures, est tout aussi alarmant. Le nombre d'animaux soumis à des procédures à gravité sévère demeure également très préoccupant, tout comme les infractions récurrentes et les dérogations accordées qui causent encore plus de souffrances et affectent gravement le bien-être des animaux.

De nombreuses méthodes non animales existent aujourd’hui et offrent des avantages significatifs par rapport aux modèles animaux. Ces méthodes peuvent être mises en œuvre plus rapidement, produire des résultats plus rapides et reproduire avec une plus grande fidélité la physiologie et les processus biologiques humains. Conformément à l'objectif final de la directive 2010/63/UE relative à la protection des animaux utilisés à des fins scientifiques, qui vise à remplacer totalement les procédures appliquées à des animaux vivants à des fins scientifiques et éducatives, GAIA insiste pour que le remplacement des animaux de laboratoire par des méthodes non animales soit accéléré et que les sanctions en cas de non-respect de la législation en vigueur soient renforcées.