Le 15 septembre, le Parlement européen a adopté une résolution chargeant la Commission européenne d'élaborer un plan d'action pour la suppression progressive de l'expérimentation animale.
Eurogroup for Animals, Cruelty Free Europe, Humane Society International, l’European Coalition to End Animal Experiments et PETA mènent depuis plusieurs mois une campagne internationale en faveur de cette résolution. GAIA est l'organisation qui a mené la campagne en Belgique.
Un entretien avec Michel Vandenbosch, président de GAIA.
Parmi les membres du Parlement, 667 ont voté pour, 4 contre et 16 se sont abstenus. Cela semble être un appel historique du Parlement européen.
Le terme "historique" doit être utilisé avec parcimonie, sinon il perd de son sens. Mais dans ce cas, j'ose utiliser ce terme. De tous les fronts sur lesquels se bat le mouvement de défense des animaux, celui contre l'expérimentation animale est le plus difficile. Toute personne dotée de bon sens en politique sait que des produits comme la fourrure et le foie gras sont contraires à l'éthique. La consommation de viande est un sujet plus difficile, mais une bonne vie pour les animaux de ferme est, selon la plupart, une demande légitime. L'expérimentation animale, en revanche, bénéficie d'une aura de nécessité scientifique que peu de politiciens osent critiquer. Le fait qu'une majorité écrasante ne se laisse plus museler par les lobbyistes de l'industrie pharmaceutique, entre autres, est encourageant.
Qu'est-ce qui rend cette résolution du Parlement européen si spéciale ?
L'industrie et le monde universitaire soutiennent depuis des années que la promotion de méthodes d'expérimentation non animale permettrait de réduire l'utilisation d'animaux dans les expériences. Cet argument est désormais démenti par les faits. Les statistiques montrent que l'utilisation d'animaux est restée stable au cours des dix dernières années. De nombreuses méthodes non animales ont été ajoutées, mais elles ne remplacent pas l'expérimentation animale à grande échelle. L'utilisation d'animaux de laboratoire est fermement ancrée dans l'esprit de nombreux scientifiques. Nous avons besoin d'une politique qui soit très claire : l'expérimentation animale est un processus du passé et nous pouvons examiner ensemble comment nous pouvons nous diriger vers une société sans expérimentation animale. La résolution du Parlement européen reprend maintenant cette position.
Est-ce que la directive européenne sur l'expérimentation animale ne va pas assez loin ?
Lorsque la directive sur l'expérimentation animale a été adoptée il y a plus de dix ans, j'espérais, comme de nombreux autres défenseurs des droits des animaux, que la recherche scientifique en Europe passerait à des méthodes sans expérimentation animale. Cette directive stipulait littéralement que l'objectif ultime était le remplacement complet de l'expérimentation animale. Plus de dix ans après, que voyons-nous ? Fondamentalement, il n'y a pas eu de réduction de l'expérimentation animale ; la situation est au point mort. La directive sur les animaux d'expérimentation n'est donc pas suffisamment contraignante. Cela doit changer. Non seulement pour le bien des animaux, mais aussi dans l'intérêt du progrès scientifique. Pas moins de 95 % des médicaments qui semblent efficaces ou sûrs chez les animaux n'arrivent même pas sur le marché. Parce qu'ils ne fonctionnent pas ou ne sont pas assez sûrs. L'expérimentation animale présente donc une lacune scientifique fondamentale.
Que demande spécifiquement le Parlement européen à la Commission européenne ?
Le titre reflète déjà bien l'ambition : "actions visant à accélérer la transition vers l'innovation sans utilisation d'animaux dans la recherche, les essais réglementaires et l'éducation". Le texte indique également qu'il n'y a pas eu de réduction claire de l'expérimentation animale. Avec cette initiative, le Parlement européen donne raison à la Commission européenne : les choses n'avancent pas assez vite et nous devons intensifier notre action. La Commission européenne doit élaborer un plan d'action visant à éliminer activement l'expérimentation animale, assorti d'objectifs intermédiaires. Notez le mot "activement". C'est très concret et également mesurable. La résolution reconnaît également les recherches menées par le Joint Research Center de la Commission européenne, qui ont montré que les expériences sur les animaux ne font qu'entraver le progrès scientifique. Et, bien sûr, un budget suffisant doit être prévu pour la poursuite du développement de méthodes d'expérimentation non animale, cela aussi est inclus. Il s'agit véritablement d'une volte-face politique.
Quelle est l'attitude des citoyens européens à l'égard de l'expérimentation animale ?
Les sondages d'opinion montrent que les citoyens européens considèrent la fin de l'expérimentation animale comme une priorité. Pas moins de 72 % d'entre eux souhaitent que la Commission européenne fixe des objectifs contraignants pour réduire à zéro l'expérimentation animale. Nous avons récemment lancé une initiative citoyenne européenne et, en moins de trois semaines, nous avons recueilli plus de 120 000 signatures. C'est quelque chose qui atteint les politiciens : si les citoyens ont une attente que nous, en tant qu'organisation de défense des animaux, pouvons canaliser, alors le changement politique est possible.