19.12.24
pipetje

Quatre projets sont actuellement menés à l'Université Libre de Bruxelles (ULB) dans le cadre de la Plateforme Technologique d’Excellence “Alternatives aux expérimentations animales”, soutenue par la Fédération Wallonie-Bruxelles, la Région de Bruxelles-Capitale et la Wallonie. Ces initiatives se concentrent sur le développement de technologies de pointe, notamment le développement d’organoïdes, la bio-impression 3D, l’imagerie avancée, et l’analyse de données.

Le développement d'organoïdes

L’Institut de Recherche Interdisciplinaire en Biologie Humaine et Moléculaire, ainsi que le Laboratoire de Microbiologie Moléculaire et Cellulaire de l’ULB, travaillent sur le développement d’organoïdes. Ces mini-organes tridimensionnels reproduisent fidèlement les caractéristiques morphologiques et fonctionnelles des organes humains. Ils constituent des outils puissants pour mieux comprendre les maladies humaines et la découverte de nouveaux médicaments.

Le bio-impression 3D

Le Laboratoire de Biochimie Physiopathologique et Nutritionnelle se spécialise dans la conception et le développement de modèles de tissus mous grâce à la bio-impression 3D. Ces modèles permettent d’explorer les mécanismes moléculaires de maladies chroniques et auto-immunes, et de tester des médicaments ciblant la cicatrisation et la régénération des tissus.

L'imagerie et le stockage de données

Les cultures de cellules complexes, comme les organoïdes, nécessitent des techniques d’imagerie de haute précision pour suivre des paramètres essentiels, tels que l’organisation cellulaire et le suivi des fonctions spécifiques de l'organe modélisé. Les images obtenues doivent être analysées par des systèmes d’analyse informatique extrêmement puissants, car elles représentent une quantité de données énorme. Le Centre de Microscopie et d’Imagerie Moléculaire est chargé de capturer ces images et de gérer le stockage des données massives qu’elles génèrent.

L'analyse de données

Le laboratoire de Biologie Computationnelle et Bioinformatique dispose de calculateurs puissants pour la conception d’anticorps spécifiques à un antigène donné. Ces techniques visent à accélérer la mise au point de nouvelles molécules thérapeutiques grâce à des approches purement informatiques.

Grâce à l’aide financière de 60.000€ débloquée par la Région bruxelloise, l’ULB pourra acquérir du matériel de recherche essentiel pour ses recherches sur les méthodes non-animales.

La science a évolué et a fait naître des alternatives n’impliquant pas d’animaux de laboratoire, basées sur des cellules humaines et qui donnent des résultats plus pertinents pour l’homme. Il est donc crucial de permettre non seulement le développement de ces méthodes mais aussi leur recensement et leur notoriété pour maintenir mon objectif de diminuer drastiquement le nombre d’animaux utilisés dans des expériences”, explique Bernard Clerfayt.

Chaque année, l’ULB utilise en moyenne 20 000 animaux pour ses recherches, principalement des souris, poissons-zèbres, rats, cochons, moutons, lapins et amphibiens. Malgré des efforts pour promouvoir les recherches sur les alternatives à l'expérimentation animale, l'ULB considère néanmoins que “l’expérimentation animale reste aujourd’hui indispensable dans la recherche fondamentale, translationnelle et préclinique pour comprendre, prévenir et traiter de nombreuses pathologies”.

L’idée que la recherche animale est indispensable pour comprendre, prévenir et traiter de nombreuses maladies humaines repose davantage sur des idées reçues que sur des preuves scientifiques solides. Le débat autour de l’expérimentation animale a souvent été limité à des préoccupations de bien-être animal, mais il est essentiel de reconnaître qu’il s’agit aussi d’une question de pertinence scientifique et de santé humaine.

Si l’utilisation de modèles animaux permet d’extrapoler certaines informations grâce à la conservation de processus biologiques entre espèces, leur capacité à prédire précisément la toxicité ou l’efficacité d’un médicament chez l’humain reste limitée. Par conséquent, la contribution de l'expérimentation animale à la santé humaine est souvent surestimée. De plus, l’expérimentation animale est coûteuse et chronophage.

Dans de nombreux domaines, les méthodes non-animales se révèlent plus prédictives et fiables que les modèles animaux. Par exemple, l’utilisation de modèles in vitro complexes, comme les organoïdes, en combinaison avec des approches informatiques avancées offre des perspectives prometteuses pour identifier de nouvelles cibles thérapeutiques, d’évaluer l’efficacité et la toxicité des médicaments avec une précision accrue, et de réduire considérablement les coûts et les délais des recherches.

Aujourd’hui, des initiatives nationales et européennes soutiennent de plus en plus le développement de méthodes alternatives à l’expérimentation animale. Toutefois, ces efforts ne remettent pas en cause l’utilisation des modèles animaux, qui reste fortement soutenue dans la recherche et l’enseignement. Pour avancer, il est impératif de mettre un terme à cette double dynamique. Le développement de méthodes alternatives doit s’accompagner d’un engagement clair en faveur de leur adoption exclusive, afin de remplacer progressivement l’expérimentation animale. Cette transition est cruciale non seulement pour le bien-être des animaux, mais aussi pour garantir que les progrès scientifiques soient plus pertinents et alignés sur la santé humaine.