30.11.23
La recherche sans animaux n'est malheureusement pas toujours sans animaux

La recherche sans animaux n'est malheureusement pas toujours sans animaux. Même si aucun animal de laboratoire n'est directement utilisé pour ce type de recherche, des matériaux dérivés d’animaux sont encore régulièrement utilisés. La culture de cellules (humaines) dans une boîte de Pétri (in vitro) nécessite des matériaux de culture spécifiques pour que les cellules se développent et restent vivantes le plus longtemps possible. Or, les matériaux de culture les plus souvent utilisés pour cultiver des cellules, à savoir le sérum de veau fœtal et le matrigel, sont dérivés d'animaux.

 

Le sérum de veau fœtal (fetal calf serum ou FCS, également connu sous le nom de fetal bovine serum ou FBS) contient de nombreuses substances importantes pour la croissance cellulaire (notamment des facteurs de croissance, des hormones, des sucres, des protéines et des vitamines). C'est pourquoi le FCS est couramment utilisé pour la culture de cellules et de tissus dans la recherche biologique et médicale depuis les années 1960. Comme son nom l'indique, ce sérum provient de veaux à naître et est obtenu d'une manière non respectueuse des animaux. Après l'abattage de la vache, le FCS est prélevé dans le sang du veau vivant à naître. Pour ce faire, une aiguille est insérée, sans anesthésie, dans le cœur battant du fœtus âgé de six à neuf mois. Il n’y a aucun doute sur la souffrance des fœtus pendant ce processus, qui ne meurent qu'au bout de 5 à 30 minutes.

 

Lorsque les cellules sont cultivées dans une boîte de culture, elles ne se comportent pas exactement comme dans le corps. Pour reproduire l'environnement du corps humain de la manière la plus réaliste possible, on utilise souvent un gel spécial. Le gel standard utilisé dans la recherche scientifique est le Matrigel, un gel biologique fabriqué à partir de tumeurs de souris de test. Comme le FCS, le Matrigel contient des substances importantes pour la croissance cellulaire des cellules cultivées. Et comme pour le FCS, le Matrigel est obtenu d'une manière non respectueuse des animaux. Chaque année, des millions de souris sont utilisées et tuées pour fabriquer le Matrigel. Tout d'abord, des cellules tumorales sont injectées aux souris, produisant des tumeurs riches en substances adéquates. Pour extraire les substances de ces tumeurs, les souris doivent ensuite être tuées.

 

L'utilisation de FCS et de Matrigel implique non seulement beaucoup de souffrance animale, mais ces deux matériaux de culture présentent également de nombreux inconvénients sur le plan scientifique. Le FCS et le Matrigel sont des produits d'origine animale. Comme il n'y a pas deux veaux ou deux souris identiques, la composition de ces matériaux est variable d’un animal à l’autre. Cela pose des problèmes de reproductibilité des études scientifiques, ce qui, en fin de compte, compromet la fiabilité des résultats de la recherche. En outre, le FCS et le Matrigel peuvent être contaminés par des toxines, des virus, des bactéries et des champignons, ce qui constitue un risque pour les études mais aussi pour la santé des chercheurs. Par ailleurs, la forte demande de FCS a entraîné non seulement un doublement de son prix au cours de la dernière décennie, mais aussi des fraudes, où le sérum est dilué (contrairement aux règles) avec du sérum de vaches adultes, de l'eau et d'autres nutriments.

 

Heureusement, il existe aujourd'hui de nombreuses alternatives. L'une d'entre elles, par exemple, est le matériel de culture qui n'est pas fabriqué à partir de matières animales, mais à partir de matières artificielles. Le 3Rs-Centre Utrecht Life Sciences et Animal Free Research UK ont récemment créé une base de données où les chercheurs peuvent trouver toutes les alternatives au FCS. En outre, le site web sert également de plateforme où les chercheurs peuvent échanger entre eux.

 

Tant que les chercheurs utilisent du matériel animal, la recherche in vitro n'est pas exempte d'animaux. Compte tenu des préoccupations éthiques et scientifiques, il est de toute façon préférable de passer à des matériaux de culture non-dérivés d'animaux. Cela permettra non seulement de mettre fin à la souffrance animale, mais aussi d'améliorer la qualité scientifique des expériences in vitro.